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Charles Ives

Présentation

Né en 1874, Charles Edward Ives reçoit de son père sa première éducation musicale. Elle est faite d’expériences qui resteront présentes dans son esprit plus tard, comme l’usage des micro-intervalles, les superpositions de morceaux différents, le chant spatialisé ou dans différentes tonalités. Ives commence à composer dès l’âge de douze ans, tout en jouant du tambour dans les fanfares que dirige son père et en assistant aux fêtes musicales populaires, qui laisseront des traces dans sa musique. Ses deux instruments principaux sont toutefois le piano et l’orgue ; il trouve un poste régulier d’organiste à l’âge de quatorze ans dans la Seconde église congrégationaliste de Danbury.

Il poursuit sa formation à partir de 1894 à l’Université de Yale, où il travaille la composition avec Horatio Parker. Il compose toute une série de psaumes comportant des audaces harmoniques, ainsi que les Variations sur « America » pour orgue ; sa Première Symphonie consacre la fin de son apprentissage. Après quatre ans d’études incluant l’étude du grec, du latin, des mathématiques et de la littérature, Ives accepte un travail dans une compagnie d’assurance à New York, tout en continuant de tenir l’orgue dans différentes églises de la région, fonction à laquelle il mettra fin en 1906. Il est conscient que l’originalité de ses idées ne lui permettront pas de trouver une place dans un monde musical américain plutôt conservateur. En 1907, il fonde avec son ami Julian W. Myrick sa propre compagnie d’assurances, Ives & Myrick, composant désormais durant son temps libre.

Cette marginalité consentie lui permet de développer ses idées et d’approfondir celles qu’il a reçues de son père. Il écrit toute une série de pièces qui échappent à la tonalité et à une rythmique régulière, anticipant les découvertes de Schönberg et de Stravinsky. Il s’appuie sur des mélodies et des rythmes populaires et sur ses souvenirs d’enfance.

Jusqu’à la Première Guerre, il compose des œuvres riches de conceptions nouvelles, comme la superposition de musiques différentes (The Unanswered Question et Central Park in the Dark en 1906, ou plus tard le Second Quatuor à cordes de 1912-1913). Sa production jusqu’à la Première Guerre culmine dans la Seconde Sonate « Concord » pour piano (1911-1915) et la Quatrième Symphonie (1910-1916). C’est pour accompagner la première qu’il écrit ses Essais avant une sonate, qui offrent un aperçu de ses idées sur la musique et éclairent le sens de son œuvre, dédiée aux Transcendalistes américains réunis à Concord, Mass. : Emerson, Thoreau, Alcott, Hawthorne.

Victime de problèmes cardiaques et très affecté par la guerre, Ives cesse progressivement de composer après 1918, réunissant ses mélodies en recueil (114 Songs) et éditant sa Seconde Sonate. Ives ne cessait de retoucher ses œuvres, ajoutant souvent des dissonances nouvelles au texte existant et modifiant des passages entiers, comme si ses partitions étaient des works in progress. Elliott Carter renonça à mettre de l’ordre dans le matériel accumulé par le compositeur après avoir tenté de le faire, et c’est John Kirkpatrick qui accomplit cette tâche, avant qu’une édition critique soit enfin établie.

La reconnaissance vint tardivement pour Ives : une première fois à la fin des années 1920, grâce aux efforts de Henry Cowell puis de Nicolas Slonimsky, lequel dirigea certaines de ses œuvres aux États-Unis et en Europe, enfin avec la création de la Sonate « Concord » par John Kirkpatrick en 1939 et l’obtention en 1947 du Prix Pulitzer pour sa Symphonie n° 3, créée par Lou Harrison en 1946. Mais c’est véritablement dans les années 1950 et suivantes que le milieu musical prit conscience de l’importance de ce compositeur que l’on peut désigner comme le « père de la musique américaine ». Ives s’éteignit en 1954 à New York.

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