La fonction de la couleur dans la musique

Le thème unificateur de ce volume d’écrits d’Adorno – la plupart tardifs – est la couleur (Farbe) et l’enjeu qu’elle pose au seuil de la modernité musicale dans sa complémentarité avec le timbre le timbre (Klangfarbe). Aux textes consacrés à Wagner, à Strauss et aux relations entre peinture et musique, regroupés de façon posthume dans le volume III des Écrits musicaux, nous avons ajouté des cours sur la couleur donnés à Darmstadt ainsi que des notes consignées de 1940 à 1969, année de la mort d’Adorno. Véritable tentative de pénétrer l’Idée du phénomène musical dans la fulgurance de fragments apparentés à des aphorismes, ces notes se présentent tel un laboratoire des essais et monographies consacrés à la musique.
Dans l’Allemagne de l’ouest des années 1960, Adorno fait entendre une voix contraire à l’éloge de soi-même dans lequel se complaît la société allemande des années du miracle économique. Il refuse de dissocier la destinée de la culture allemande des événements politiques qui se sont succédés, notamment de l’expérience du national-socialisme ; il contribue ainsi au débat public muni de l’arme de la critique philosophique, dont la consécration théorique est sa Dialectique négative, et le pendant concret, ses écrits musicaux. Ces oeuvres sont imprégnées du rejet de la philosophie heideggerienne de l’être, comme de la prise de distance à l’égard des orientations positivistes de la sociologie de leur temps.
Si certains des textes de ce volume ont fait l’objet d’une traduction aujourd’hui introuvable, la plupart sont inédits en français. Cet ouvrage fait suite à la publication par Contrechamps de trois autres livres d’Adorno : Introduction à la sociologie de la musique, Figures sonores (Écrits musicaux I) et Moments musicaux.