Alban Berg

Parmi les compositeurs de l’École de Vienne, Alban Berg est celui qui a connu la plus grande popularité, notamment grâce à ses deux opéras, Wozzeck et Lulu, qui font désormais partie du répertoire. Le lyrisme de sa musique plonge ses racines dans le romantisme allemand tout en intégrant des éléments réalistes parfois très crus ; Berg ne s’est pas servi de Baudelaire à deux reprises sans raisons, et il n’a pas choisi pour rien les textes de Büchner et de Wedekind pour ses opéras. Mais en dessous d’une surface si fortement expressive sont cachées des structures et des procédures complexes, ainsi qu’une véritable fascination pour la symbolique des nombres. De même, le geste ample de sa musique et son élan souvent irrésistible masquent une minutie presque obsessionnelle, faite d’attention au moindre détail et à la cohérence du tissu des relations internes. La personnalité de Berg était complexe : le sentiment que sa musique naît de la spontanéité est contrebalancé par le souci d’une construction totale et par l’acuité de son esprit critique.