Maria Youdina
Les interprétations de Maria Youdina restent légendaires ; elles sont profondément pensées et très inspirées. Maria Youdina se battait pour la musique de son époque, à commencer par celle de Stravinsky, et voulait transmettre les œuvres du passé avec l’engagement de l’époque présente (elle combattait toute forme de sentimentalisme). Sa correspondance avec Piotr Souvtchinsky témoigne de sa curiosité pour les différentes personnalités de la scène musicale contemporaine. On peut mesurer la nature exceptionnelle de son jeu du piano grâce à toute une série d’enregistrements.
Présentation
Née en 1899 près de Vitebsk de parents juifs, Maria Youdina commence le piano à l’âge de sept ans avec une élève d’Anton Rubinstein et entre au Coservatoire de Saint-Pétersbourg en 1912, tout en travaillant brièvement en privé avec Felix Blumenfeld ; elle étudie la théorie avec Maximilian Steinberg et l’écriture avec Nicolas Tcherepnine et côtoie Chostakovitch. Elle étudie également la philosophie et l’histoire à l’Université. En 1921, elle obtient le diplôme du Conservatoire et remporte le prix Rubinstein. Sa carrière de soliste commence immédiatement après.
Convertie à la religion orthodoxe en 1919, elle n’hésite pas à évoquer ses convictions religieuses lors de ses concerts et dans ses cours, ce qui lui causera des problèmes, mais ne l’empêchera pas de continuer (de même, elle lit souvent des poèmes, y compris de poètes interdits). Elle sera licenciée du Conservatoire de Petrograd en 1930. Après des années difficiles, elle trouve un poste à Tbilissi, puis est nommée professeure au Conservatoire de Moscou (jusqu’en 1951). Elle enseigne aussi la musique de chambre et la musique vocale à l’Institut Gnessine (de 1944 à 1960), dont elle sera limogée à cause de ses convictions religieuses et de sa défense de la musique moderne occidentale.
Liée dès sa jeunesse à de larges cercles intellectuels, proche de Pasternak, elle se montre critique vis-à-vis du régime soviétique mais échappe aux persécutions. Staline l’appréciait en tant que pianiste. Elle sera toutefois interdite de concerts et d’enregistrements à certaines périodes de sa vie et vivra dans un dénuement volontaire, faisant don du peu d’argent qu’elle gagne.
Ses interprétations restent légendaires ; elles sont profondément pensées et très inspirées. Maria Youdina se battait pour la musique de son époque, à commencer par celle de Stravinsky, et voulait transmettre les œuvres du passé avec l’engagement de l’époque présente (elle combattait toute forme de sentimentalisme). Sa correspondance avec Piotr Souvtchinsky témoigne de sa curiosité pour les différentes personnalités de la scène musicale contemporaine. On peut mesurer la nature exceptionnelle de son jeu grâce à toute une série d’enregistrements. Ses textes et ses lettres ont été édités en Russie.
Victime vers la fin de sa vie d’un accident qui l’empêchait de jouer, Maria Youdina s’est éteinte en 1970 à Moscou.