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Brian Ferneyhough

Brian Ferneyhough (1943) est l’une des personnalités les plus importantes et les plus plus fascinantes de sa génération : sa musique, comme ses idées, ont marqué l’époque. Associé au mouvement de la « nouvelle complexité », Ferneyhough s’est fermement opposé aux tendances restauratrices et simplificatrices qui entendaient rompre avec le sérialisme de façon radicale. Ses textes reflètent le débat esthétique qui se développa dans les années 1980. Mais ils dépassent la polémique à travers une réflexion touchant aux fondements de la pensée musicale. Et dans ses analyses et ses présentations d’œuvres, il donne des exemples concrets de sa manière de travailler.

Présentation

Brian Ferneyhough est né à Coventry en Angleterre le 16 janvier 1943. Ses premières expériences musicales, dans sa ville natale, sont celles des fanfares et des brass band (il y joue notamment la trompette). Il suit des cours à la Birmingham School of Music, puis à la Royal Academy of Music de Londres, travaillant brièvement la composition avec Lennox Berkeley. En 1968, il part pour travailler à Amsterdam avec Ton de Leeuw, puis à Bâle où il suit les cours de Klaus Huber. Ses œuvres reçoivent trois années de suite des distinctions au concours Gaudeamus (1968-1970), notamment pour les Sonatas, et Ferneyhough reçoit un prix spécial en 1974 pour Time and Motion Study III, meilleure œuvre toutes catégories confondues. La même année, l’exécution de plusieurs de ses pièces au Festival de Royan assure la réputation du compositeur qui apparaît comme l’une des personnalités les plus fortes et les plus originales de sa génération.

Ferneyhough devient ensuite l’assistant de Klaus Huber à la Musikhochschule de Freiburg-im-Breisgau en 1973 jusqu’en 1986, date à laquelle il enseigne un an au Royal Conservatoire The Hague, en Hollande, puis à l’University of California de San Diego aux États-Unis, de 1987 à 1999, avant d’obtenir un poste à Stanford University. Mais la vocation pédagogique de Ferneyhough le conduit aussi à animer de nombreux séminaires, parmi lesquels, de 1984 à 1996, lors des Darmstädter Ferienkurse für Neue Musik, et depuis1990 à la Fondation Royaumont. Il travaille aussi, comme professeur invité, au Royal Conservatoire de Stockholm, au California Institute of the Arts and the University of Chicago, puis en 2007-2008, à Harvard University. Il a donné par ailleurs des cours à la Civica Scuola di Milano, au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, dans les universités d’Oxford, de Cambridge, de Durham, et dans diverses universités d’Amérique du Nord. En 2007, Brian Ferneyhough reçoit le prix Siemens.

La musique de Ferneyhough est tout entière polarisée aux extrêmes. Sa force expressive, comme un magma en fusion, entraîne l’écriture vers un haut degré de complexité. Fondamentalement polyphonique et d’une grande densité, sa musique est composée de strates indépendantes qui sont travaillées dans le moindre détail. La relation entre « le flot énergétique de détail et l’agencement structurel général », que Ferneyhough perçoit sous la forme d’une « collision », fait apparaître un élément primordial de sa pensée musicale : la tension entre les différents aspects de l’écriture, la non-réduction à l’unitaire. Tout, dans sa musique, est mouvement, depuis les structures élémentaires jusqu’à la dramaturgie formelle. « Je travaille beaucoup sur les sonorités, qui tendent à opérer selon différents critères fonctionnels tels que la consistance, la densité, la transparence, etc. Les relations entre transparence et opacité, entre des textures dont les composants sont perceptibles et d’autres proches du chaos, les tensions entre les registres et les états dynamiques extrêmes, qui donnent à sa musique une présence quasi corporelle, impliquent des perspectives d’écoute différenciées, changeantes, qui s’inscrivent dans une dynamique formelle, la distance entre les extrêmes étant ici à la fois une notion spatiale et une notion temporelle. Une telle écriture implique fortement l’interprète : pour Ferneyhough, « l’exécutant ne fait pas que rendre la composition, dans un sens bien précis il en engendre réellement la manifestation finale ».

Les œuvres de Ferneyhough sont éditées par Peters à Londres, et ses manuscrits se trouvent à la Fondation Paul Sacher à Bâle. Un recueil d’écrits et d’entretiens a été publié en 1995 en anglais (Collected Writings, Harwood Academic Press). Les revues Entretemps (n° 3, 1987) et Contrechamps (n° 8, 1988), puis les Cahiers de l’IRCAM ont publié certains de ses textes, des entretiens et des analyses sur ses œuvres. D’autres textes ont paru occasionnellement en français dans différentes revues.

La publication du recueil de textes par les Éditions Contrechamps, sous le titre Univers parallèles, regroupe les textes les plus importants du compositeur ainsi que plusieurs entretiens.

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