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Pierre Henry

Joué dans le monde entier, Pierre Henry a marqué son époque, montrant la voie d’une musique électronique et spatialisée qui a durablement influencé les jeunes musiciens notamment sur la scène des musiques actuelles.

Présentation

Né en 1927 à Paris, Pierre Henry est mort dans cette ville en 2017. Il suit des études de percussion et d’écriture au Conservatoire de Paris dès 1937, notamment avec Olivier Messiaen, et suit également les cours de Nadia Boulanger tout en travaillant le piano. Exerçant comme instrumentiste, il compose en 1948 la musique d’un film, Voir l’invisible, à partir d’objets acoustiques.

Il rejoint Pierre Schaeffer au Club d’essai de la RTF et travaille avec lui à la Symphonie pour un homme seul (1950) dont la création sera un événement. Cette collaboration se poursuit avec la création houleuse d’un opéra électro-acoustique, Orphée 53, dont Pierre Henry tirera le Voile d’Orphée. De même, il donnera ses propres versions de la Symphonie pour un homme seul. Il dirige les travaux au Groupe de Recherche de Musique Concrète (GRMC) de la radio de 1950 à 1958. À cette date, suite à plusieurs désaccords, il quitte la Radio pour créer son propre studio d’enregistrement, APSOME (Applications de Procédés Sonores en Musique Électroacoustique). Il y travaille seul, inventant de nouveaux outils en fonction de ses besoins musicaux. Le studio est autofinancé, Pierre Henry faisant beaucoup de musiques de films ou pour la publicité. Il créera en 1982 un nouveau studio, Son/Ré, avec le soutien du ministère de la Culture auquel s’adjoindra plus tard la ville de Paris.

C’est en 1949 qu’il fait la rencontre du chorégraphe Maurice Béjart, avec lequel il réalisera une quinzaine de spectacles. Parmi ceux-ci, notons une version de la Symphonie pour un homme seul en 1955, et plus tard la Messe pour le temps présent, créée au festival d’Avignon en 1967. Il collabore avec d’autres chorégraphes, tels Georges Balanchine, Carolyn Carlson, Merce Cunningham, Alwin Nikolaïs, Maguy Marin. Il réalise la musique du célèbre film de Dziga Vertov, L’Homme à la Caméra, et réalise des performances avec des plasticiens tels qu’Yves Klein, Georges Mathieu ou Nicolas Schöffer. En 1975 il réalise une pièce en hommage à Luigi Russolo, Futuristie.

Sa musique conquiert une vaste audience, très au-delà des cercles purement musicaux, symbolisée par de nombreux enregistrements publiés par Philips, qui en 1980 propose un coffret de dix-neuf disques présentant trente-deux de ses œuvres.

Pour ses 80 ans, Pierre Henry compose trois œuvres nouvelles, Utopia pour la Saline Royale d’Arc et Senans, Trajectoire créée à Radio France le jour de son anniversaire, et Pleins jeux à la Cité de la Musique. L’année suivante, 22 concerts sont organisés dans le cadre du festival Paris Quartier d’Été. Pierre Henry reprend la Symphonie pour un homme seul en 2010, qu’il reconstitue à partir de disques souples numérisés par la Bibliothèque nationale de France (le titre devient Symphonie collector).

Joué dans le monde entier, Pierre Henry a marqué son époque, montrant la voie d’une musique électronique et spatialisée qui a durablement influencé les jeunes musiciens notamment sur la scène des musiques actuelles. Ses inventions ont été reprises et développées par l’industrie musicale. Il laisse une production considérable. En 2007, il confie la totalité de ses œuvres à la Bibliothèque nationale de France.

Pierre Henry a collecté des dizaines de milliers de sons dûment répertoriés avec lesquels il travaillait. Son désir était d’abandonner les notes au profit des sons concrets, de ce qu’il appelait « l’organique pur », considérant que la musique avait été moins aventureuse que la poésie ou la peinture. Il a publié ses réflexions dans le Journal de mes sons, qui réunit différentes textes et manifestes (2004).

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