Au nom des opprimés
Dans ses textes, Klaus Huber (né en 1924) s’attache avant tout à clarifier le contenu de ses oeuvres, qui renvoient à des positions éthiques, et qui possèdent une dimension tout à la fois religieuse et politique.
Présentation
Dans ses textes, Klaus Huber (né en 1924) s’attache avant tout à clarifier le contenu de ses oeuvres, qui renvoient à des positions éthiques, et qui possèdent une dimension tout à la fois religieuse et politique. Compositeur engagé, Huber refuse en effet la conception de « l’art pour l’art », l’idée de la musique pure. Pour lui, la modernité doit être chargée d’un sens qui dépasse la seule sphère esthétique ; elle est solidaire des plus démunis, dénonçant l’injustice, l’oppression, l’asservissement et la réification. Proche des mystiques ainsi que des tenants de la théologie de la libération, Huber veut provoquer par sa musique une prise de conscience, un retournement. En se solidarisant avec les formes de résistance en Amérique latine ou au Moyen Orient, il a fait la rencontre de figures telles que celles du prêtre et poète nicaraguayen Ernesto Cardenal ou du poète palestinien Mahmoud Darwich, qui lui ont inspiré des oeuvres importantes, mais aussi du poète russe Ossip Mandelstam, auquel il a consacré un opéra. Son intérêt pour la musique arabe, au moment où éclatait la première Guerre du Golfe, l’a conduit à utiliser des échelles avec tiers et quarts de ton et à expérimenter de nouvelles conceptions harmoniques, polyphoniques et formelles. Ce recueil d’écrits comporte un choix d’essais et l’intégralité des notices que le compositeur a écrites sur ses oeuvres, ainsi que deux entretiens et un appareil critique.
Klaus Huber
Né à Berne en 1924, Klaus Huber étudie le violon avec Stefi Geyer et la composition avec son parrain Willy Burkhard puis avec Boris Blacher à Berlin. De 1961 à 1972, il enseigne à la Musikakademie de Bâle ; en 1969, il succède à Wolfgang Fortner à la Staatliche Hochschule für Musik de Freibourg-im-Brisgau jusqu’à sa retraite en 1990 (il aura entre autres pour élèves Ferneyhough, Rihm et Jarrell). Musicien engagé et profondément religieux, ouvert à des formes musicales multiples, Huber cherchera dans sa dernière période à intégrer les tiers de tons dans son écriture, s’appuyant sur les musiques moyen-orientales. Grand pédagogue, Klaus Huber a été un professeur recherché. Il est mort en 2017.