Musique visible

Personnalité marquante de l’avant-garde musicale des années 1950-1960, Dieter Schnebel (1930-2018) fut à la fois compositeur, théologien et essayiste. Comme compositeur et comme penseur, Schnebel s’est placé au croisement de courants divergents entre lesquels il a tissé des liens multiples : dans ses écrits, les noms de Cage et de Kagel côtoient ceux de Schubert, Schumann et Debussy. Cette position esthétique ouverte l’a conduit à porter un regard original sur la musique de son époque comme sur celle du passé, laquelle a fait l’objet, dans sa dernière période, de réinterprétations créatrices. Comme théologien, il a été conduit à s’interroger sur la question de la musique sacrée et a développé une relation privilégiée à la philosophie. Ses textes, d’une grande rigueur de pensée et d’une grande finesse d’esprit, reflètent une position critique au sens d’Adorno, auquel il a consacré un essai magistral. Sa pensée, qui va toujours à l’essentiel, est traversée par « l’esprit d’utopie » et par le « principe espérance » empruntés à Ernst Bloch, qui a exercé sur lui une influence notable. Le choix des textes a été effectué avec le compositeur lui-même peu avant sa brusque disparition. C’est la première publication en français de ses écrits.

Traduit par Olivier Baisez, Anne Chalard-Fillaudeau, Marie-Ange Maillet, Laurent Cantagrel, Vincent Barras, Bruno Rudolf von Rohr