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Luciano Berio

Né dans une famille de musiciens à Oneglia en 1925, Luciano Berio étudie le piano et pratique la musique de chambre, puis se tourne vers la composition en travaillant au Conservatoire Verdi de Milan avec Paribeni et Ghedini. En 1952, il étudie avec Luigi Dallapiccola à Tanglewood. Il se rend pour la première fois à Darmstadt en 1954 mais se montre rapidement critique vis-à-vis d’un certain dogmatisme qui y règne. Berio développe un style personnel à la fois spontané et réfléchi, prospectif et relié à la tradition. À partir de 1960, il enseigne la composition à la Dartington Summer School, au Mill’s College d’Oakland, à Harvard, à l’université Columbia, ainsi qu’à la Juilliard School de New York de 1965 à 1971 (il y fonde le Juilliard Ensemble, spécialisé dans la musique contemporaine).Ses œuvres, dès le début des années soixante, explorent diverses formes théâtrales. De 1974 à 1980, il dirige la section électroacoustique de l’Ircam et accompagne le travail de Giuseppe di Giugno visant à la transformation du son en temps réel. En 1987, il fonde Tempo Reale, Institut d’électronique live à Florence. Luciano Berio est mort en 2003.

Présentation

Né en 1925 en Ligurie, Luciano Berio est formé par son père et son grand-père à la musique, qu’il pratique en famille. À la fin de la guerre, il entre au conservatoire Verdi de Milan, travaillant notamment avec Paribeni et Ghedini. Il gagne sa vie comme pianiste accompagnateur et fait ainsi la rencontre de Cathy Berberian, qu’il épouse en 1950. En 1952, il part étudier aux États-Unis avec Luigi Dallapiccola, figure de référence pour la jeune génération italienne pour ses choix esthétiques et éthiques. Ayant découvert en Amérique la musique électronique, il effectue ses premiers essais en ce domaine et se rend à Darmstadt, où il se lie d’amitié avec Boulez, Pousseur, Stockhausen et Kagel. Tout en intégrant l’idée sérielle, il demeure critique vis-à-vis des positions dogmatiques de certains de ses collègues. Il compose Nones en 1954, première œuvre totalement personnelle.

Proche des courants littéraires avant-gardistes en Italie, comme I Novissimi, il collabore avec des auteurs tels que Edoardo Sanguineti, Umberto Eco et Italo Calvino, tout en se tournant vers leurs prédécesseurs : Joyce, Cummings, Claude Simon ou Bertolt Brecht. Ainsi naît toute une série d’œuvres vocales : Tema Omaggio a Joyce, Epifanie, Circles, Passaggio, Laborintus II, etc . Berio exploite dans ces œuvres les possibilités vocales particulières de Cathy Berberian et écrit pour elle (« sur elle » dira-t-il même) la célèbre Sequenza III (1965). L’abondante production des années 1960 culmine dans une œuvre non moins célèbre, Sinfonia, qui tisse des fragments de textes de Lévi-Strauss et de Beckett, des références à l’histoire américaine (notamment l’assassinat de Martin Luther King) et un ensemble de citations du répertoire symphonique.

Fortement lié à Bruno Maderna, il crée en 1955 le Studio di fonologia à la RAI de Milan, premier studio de musique électro-acoustique en Italie. À la fin des années 1950, il entame la série des Sequenzas pour un instrument solo (14 seront composées jusque peu avant sa mort), dont certaines sont reprises dans une forme concertante (les Chemins). À partir des années 1970, il se tourne de plus en plus vers l’opéra : Opera, La Vera storia, Un Re in ascolto, Outis, Cronaca del luogo. Son riche catalogue se referme sur une œuvre bouleversante pour voix et orchestre, Stanze, composée en 2003, et qui constitue son testament musical.

Le style flamboyant de Berio intègre toutes les sources musicales, de Monteverdi aux Beatles, pour reprendre le sous-titre de Recital II écrit pour Cathy Berberian. Dans le contexte parfois austère au tournant des années 1950-1960, sa musique apportait un souffle libérateur. Mais contrairement à certains de ses collègues, sa verve inventive et son ouverture esthétique reposent toujours sur une grande rigueur d’écriture et de pensée. Ses Entretiens avec Rossana Dalmonte en est une belle illustration. Berio a beaucoup écrit pour des musiciens qu’il admirait, cherchant à exalter une forme de virtuosité qui ne serait pas purement technique. Il a absorbé les idiomes populaires, notamment dans les célèbres Folk Songs mais aussi dans Coro et Voci par exemple.

Entre 1974 et 1980, il dirigea à l’invitation de Boulez le département électronique à l’IRCAM, travaillant notamment avec di Gugnio sur le modèle de la machine 4X. De retour en Italie, il créera son propre studio, Tempo Reale, en 1987. Berio meurt à Rome en mai 2003.

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