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Luigi Nono

Luigi Nono est né en 1924 à Venise. Après des études de droit à l’Université de Padoue et de composition à Venise dans la classe de Gian Francesco Malipiero, Nono fait en 1946 la rencontre décisive de Bruno Maderna avec lequel il étudie aussi bien les traités du Moyen Âge et la polyphonie franco-flamande que les compositeurs modernes. En 1948, il participe aux cours de direction d’orchestre de Hermann Scherchen à Venise et le suit en tournée, approfondissant sa connaissance de Schönberg, Berg, Webern et Bartók. En 1950, il se rend pour la première fois à Darmstadt, où il rencontre Varèse et se lie avec K. A. Harmann. Il entre au Parti communiste italien en 1952 ; il y jouera un rôle important, et épouse en 1955 la fille d’Arnold Schönberg, Nuria. Musicien engagé du point de vue éthique et politique, il veut à travers sa musique témoigner pour les situations et les figures tragiques de l’histoire, que ce soient les condamnés à mort de la Seconde Guerre, la bombe sur Hiroshima, les révolutions en Amérique latine, ou des figures telles que Garcia Lorca, Maïakovski, Pavese…. Ses œuvres, dans les années 1960, utilisent les moyens électro-acoustiques et se présentent souvent comme des manifestes, ce qui l’écarte de la scène musicale officielle. À partir des années 1980, après une période de crise, il est nommé à la tête du Studio expérimental de la Fondation Heinrich-Strobel, et ses œuvres exploitent les moyens de la live-electronics qui y sont développés. Il meurt en 1990 à Venise.

Présentation

Luigi Nono est né en 1924 à Venise. Après des études de droit à l’Université de Padoue et de composition à Venise dans la classe de Gian Francesco Malipiero, Nono fait en 1946 la rencontre décisive de Bruno Maderna, avec lequel il étudie aussi bien les traités du Moyen Âge et la polyphonie franco-flamande que les compositeurs modernes. En 1948, il participe aux cours de direction d’orchestre de Hermann Scherchen à Venise et le suit en tournée, approfondissant sa connaissance de Schönberg, Berg, Webern et Bartók. En 1950, il se rend pour la première fois à Darmstadt, où il rencontre Varèse et se lie avec K. A. Harmann. Il entre au Parti communiste italien en 1952 ; il y jouera un rôle important. En 1955, il épouse la fille d’Arnold Schönberg, Nuria. Musicien engagé du point de vue éthique et politique, il cherche à travers sa musique à témoigner pour les situations et les figures tragiques de l’histoire, que ce soient les condamnés à mort de la Seconde Guerre, la bombe sur Hiroshima, les révolutions en Amérique latine, ou des figures telles que Garcia Lorca, Maïakovski, Pavese…. Ses œuvres, dans les années 1960, généralisent l’utilisation des moyens électro-acoustiques et se présentent souvent comme des manifestes, ce qui l’écarte de la scène musicale officielle. À partir des années 1980, après une période de crise, il est nommé à la tête du Studio expérimental de la Fondation Heinrich-Strobel, et ses œuvres exploitent les moyens de la live-electronics qui y sont développés. Il meurt en 1990 à Venise.

Tout au long de sa trajectoire, Nono a défendu des positions radicales. Elles s’incarnent dans l’adoption du sérialisme généralisé comme dans les thématiques abordées. Pour lui, la relation à l’histoire et au présent, l’idée que les luttes et les espérances du passé doivent être célébrées et tendre vers leur accomplissement, est fondamentale. En ce sens, il se dissocie des compositeurs de sa génération qui prônent le degré zéro. De même, il s’appuie sur l’existentialisme de Sartre plutôt que sur le mouvement structuraliste, cherchant à articuler les questions existentielles et politiques à celles qui concernent la technique de composition. Il canto sospeso (1956), cantate en hommage aux condamnés à mort de la Seconde Guerre, fit prendre conscience du sens même de la technique sérielle en la liant à la tragédie de l’histoire. À la fin des années 1950, Nono utilise de plus en plus des clusters, et se tourne vers l’opéra avec Intolleranza 1960. Ses chœurs (Cori di Didone, La Terra e la Compagna, Ha Venido, Canciones a Guiomar, sur des textes de Pavese, Ungaretti, Machado et Éluard) et ses Canti di vita e d’amore (1962) constituent le sommet de sa première période créatrice. Dans les années 1960, Nono travaille avec des instrumentistes et des chanteurs à partir d’improvisations et en utilisant essentiellement les moyens électro-acoustiques, son engagement politique l’ayant isolé de la scène musicale. Ses œuvres deviennent plus directement encore des témoignages et répercutent les luttes politiques en Europe, en Amérique du sud et au Vietnam. Avec la troupe du Living Theater, il réalise À Floresta, é jovem e cheja da vida (1966), puis Contrappunto dialettico alla mente (1967), deux Musica-Manifesto (1969), Y entonces comprendió (1970), etc. Cette période culmine dans un deuxième opéra, Al gran sole carico d’amore (1974), lié notamment à la Commune de Paris et aux luttes en Amérique latine.

Vient alors une troisième phase dans l’évolution du compositeur, qui perçoit la nécessité d’une réorientation. Avec les moyens du studio de la Fondation Strobel, qui a développé de nouveaux outils permettant à l’électronique de réagir en direct (live-electronics) et de spatialiser le son, Nono compose toute une série d’œuvres pour lesquelles l’espace devient un élément central. Précédées par un quatuor à cordes, Fragmente-Stille, an Diotima, inspiré par des textes de Hölderlin, et qui marque une réorientation radicale, ce sont des œuvres où les voix et les instruments sont en interaction avec la live-electronics : Das atmende Klarsein (1981), Quando stanno morendo (1982), Guai ai gelidi mostri (1983), Risonanze erranti (1986), etc. Le grand œuvre de cette période est un Prometeo (1984) sous-titre « tragédie de l’écoute », réalisé avec le philosophe Massimo Cacciari, avec lequel Nono conçoit plusieurs de ses œuvres dans cette ultime période. Nono travaille alors sur la qualité du son, sa présence dans l’espace, la lenteur des processus, traversée par des explosions soudaines, une forme d’écriture qui aura une grande influence sur les jeunes générations.

Nono meurt en 1990 à Venise, ville qui l’a inspiré tout au long de sa trajectoire.

 

 

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