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Pierre Schaeffer

Présentation

Né en 1910 à Nancy et mort en 1995 près d’Aix-en-Provence, Pierre Schaeffer est fils d’un violoniste et d’une cantatrice ; il reçoit une éducation musicale poussée et suit une formation d’ingénieur à l’école Polytechnique qui le conduira en 1934 à la direction régionale des télécommunications de Strasbourg.  Parallèlement, il suit les cours d’analyse musicale de Nadia Boulanger. Démobilisé durant l’été 1940, Pierre Schaeffer anime Radio Jeunesse, puis fonde Jeune France sous l’égide du ministère de la Jeunesse du gouvernement de Vichy. Il est alors proche d’Emmanuel Mounier. Nommé ingénieur à la radio de Marseille fin 1941, où il rencontre Jacques Copeau, il crée le Studio d’essai de la RTF et y produit un opéra radiophonique, La Coquille à planètes. Il met les moyens techniques au service de la Résistance.

C’est à partir du Studio d’essai qu’il commence à se livrer à l’expérimentation radiophonique : ainsi naît la musique concrète en 1948, avec les Études de bruits. Il est rejoint par Pierre Henry, qui devient son plus proche collaborateur : ils écrivent ensemble plusieurs œuvres, dont la Symphonie pour un homme seul (1949-1950), que Schaeffer avait esquissée au préalable et qui, à travers la chorégraphie de Maurice Béjart, connaîtra un succès mondial. Ce sera plus tard Orphée 51 ou Toute la lyre, la voix étant mélangée aux instruments et à la bande magnétique, puis en 1953 Orphée 53, opéra électro-acoustique qui fait scandale au festival de Donaueschingen.

Les premières expérimentations sont effectuées à partir de disques vinyle : Schaeffer développe différentes techniques comme le « sillon fermé », les variations de vitesse, le passage à l’envers, et il utilise toutes les ressources du montage. Il avance le terme de « musique concrète », soit une musique dont le matériau est prélevé dans les sons et les bruits naturels. Il parle d’« abstraire les valeurs musicales » contenues « en puissance » dans le « concret sonore ». Il introduit également le terme d’« objet sonore », qui existe par ses qualités propres, sans renvoyer à un contexte externe. Parallèlement, à Cologne, se développe une autre branche de la musique électro-acoustique, fondée sur les sons purs (les ondes sinusoïdales), ce qui conduit à la distinction entre musique concrète et musique électronique.

En 1951, Schaeffer crée le Groupe de musique concrète au sein de la radio ; il deviendra en 1958 le Groupe de recherches musicales. À cette date, la collaboration avec Pierre Henry s’arrête et les deux hommes se séparent ; Schaeffer compose l’Étude aux allures et l’Étude aux sons animés, puis l’Étude aux objets. En 1961, il fonde le Service de la recherche de la RTF (qui va devenir l’ORTF), dont il est le responsable jusqu’en 1975. En 1970, il fait le bilan de sa recherche sur les modes et les systèmes de communication audiovisuelle. De 1971 à 1975, il est président de la Commission de recherche du Conseil international du cinéma et de la télévision à l’UNESCO.

Ayant cessé de composer vers 1960, Pierre Schaeffer donnera des séminaires sur la musique expérimentale au Conservatoire de Paris, où il est nommé professeur (entre 1968 et 1980). Il consigne ses idées dans plusieurs ouvrages, dont les plus importants sont À la recherche d’une musique concrète (1952) et le Traité des objets musicaux (1966). Opposé au courant sériel, remettant en question certaines notions musicales, il insiste sur l’importance du timbre et de la perception. Des compositeurs comme Boulez et Stockhausen, après avoir travaillé dans son studio, critiquent sévèrement sa démarche. Il publiera également une synthèse de ses réflexions sur l’audiovisuel dans les deux tomes de Machines à communiquer (1970-1972). Pierre Schaeffer est enfin l’auteur d’une œuvre littéraire abondante.

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