Aller au contenu directement

Hugo Wolf

Né en 1860 à Windischgrätz (aujourd’hui en Slovénie), et mort à Vienne en 1903, Hugo Wolf est l’une des figures les plus importantes du post-romantisme allemand. Contemporain de Mahler et de Strauss, il connaîtra une carrière plus obscure qu’eux, consacrant l’essentiel de ses forces à la forme intimiste du lied.

Présentation

Né en 1860 à Windischgrätz (aujourd’hui en Slovénie), et mort à Vienne en 1903, Hugo Wolf est l’une des figures les plus importantes du post-romantisme allemand. Contemporain de Mahler et de Strauss, il connaîtra une carrière plus obscure qu’eux, consacrant l’essentiel de ses forces à la forme intimiste du lied.

Après des études avec son père (piano et violon) puis au Conservatoire de Vienne, entre 1875 et 1877 (il en sera renvoyé pour indiscipline), il est subjugué par la musique de Wagner et par celle de Liszt, les deux représentants de la « musique de l’avenir ». Sa rencontre avec Brahms, auprès de qui il cherche conseil, est catastrophique : Brahms deviendra sa bête noire et il écrira sur sa musique des critiques au vitriol. Après une brève tentative comme chef d’orchestre, de 1884 à 1887, il devient critique au Salonblatt, importante revue viennoise. Il y défend ses convictions avec force, soutenant la musique de Wagner et de Liszt contre celle de Brahms ou des compositeurs italiens. C’est une critique engagée et un témoignage de ses idées esthétiques.

Wolf a transporté le style wagnérien, fait de déclamation vocale, d’une harmonie chromatique et de dramatisme, à l’intérieur du lied. Attentif à la qualité littéraire des textes qu’il met en musique, il nomme ses œuvres Gedichte (Poèmes) et non Lieder. Il lit les poèmes avant de les faire entendre. Enthousiasmé par la poésie de Mörike, il conçoit de mettre tous ses poèmes en musique : il en composera plusieurs volumes. Il écrira également de nombreux lieder sur des poèmes de Goethe, Eichendorf ou Michelangelo, ainsi que sur des poésies d’origine populaire : le Spanisches Liederbuch et l’Italienenisches Liederbuch. Doutant de lui-même, soutenu par un mécène chez qui il connaît ses plus belles phases de création, Wolf alterne les périodes de totale stérilité avec celles d’une production frénétique. Près de la moitié de ses lieder furent composés durant l’année 1888.

Son unique opéra, Der Corregidor, est écrit tardivement. Il donne à Wolf l’occasion de reprendre contact avec Mahler, qui était son condisciple au Conservatoire, et qui est devenu le directeur de l’Opéra de Vienne. Il insiste auprès de lui pour qu’il crée son opéra. Mais le refus de Mahler déclenche chez Hugo Wolf une crise qui le fait basculer dans la folie : il interpelle les passants sur le Ring en se faisant passer pour Mahler. Interné, il passe ses dernières années dans des souffrances horribles.

Hugo Wolf est souvent perçu comme l’aboutissement du lied romantique allemand, après Schubert et Schumann. Ces trois compositeurs ont mis les mêmes textes en musique, comme ceux de Mignon (Goethe), ce qui permet de mesurer leurs différences et l’évolution du genre. Plus encore que Schumann, Wolf fait apparaître l’arrière-fond psychologique des poèmes, notamment à travers une harmonie complexe. Son écriture conduit à la musique atonale de Schönberg, Berg et Webern, qui tentent après lui de capter les forces inconscientes exprimées dans les poèmes.

Ses critiques, qui témoignent des luttes d’idées à la fin du XIXe siècle dans la sphère musicale, n’avaient jamais été traduites en français. Or, ce sont des documents essentiels pour saisir ce qui oppose alors l’esthétique des « musiciens de l’avenir » à celle des musiciens qui, derrière Brahms, restent attachés aux formes traditionnelles : c’est à partir de là que se développeront au XXe siècle les styles antagonistes de la modernité et du néoclassicisme.

Rechercher