Écrits et entretiens
Les textes présentés ici témoignent d’un tel engagement du compositeur, qu’ils soient analytiques ou esthétiques, qu’ils traitent de Beethoven, Wagner, Mahler, Webern ou de ses propres pièces, dont certaines sont étudiées en détail. La musique et le métier de compositeur y apparaissent comme une « expérience existentielle ».
Présentation
Helmut Lachenmann, né en 1935, appartient à une génération qui fut confrontée, dès son apprentissage, au legs de la «musique nouvelle», dominée par le concept du sérialisme intégral. Il en retint l’idée d’un renouvellement des catégories de la pensée et de l’écoute, et ses années de formation auprès de Luigi Nono le sensibilisèrent aux significations sociales qu’elles impliquaient. Mais si Lachenmann s’orienta vers de nouveaux mondes sonores, c’était moins pour y cueillir des « sons neufs et inconnus » que pour y découvrir « de nouveaux sens, une nouvelle sensibilité à l’intérieur de nous-mêmes, une perception transformée ». Celle-ci rejaillit sur les musiques les plus familières, qu’il s’agit de redécouvrir « comme un monde qui soudain sonne de manière étrange ». L’esprit critique, ici, naît de la révolte contre le cours du monde. La réflexion est intimement liée au travail de création, les motifs éthiques et esthétiques se nourrissant mutuellement. Les textes présentés ici témoignent d’un tel engagement, qu’ils soient analytiques ou esthétiques, qu’ils traitent de Beethoven, Wagner, Mahler, Webern ou de ses propres pièces, dont certaines sont étudiées en détail. La musique et le métier de compositeur y apparaissent comme une « expérience existentielle ».
Helmut Lachenmann
Helmut Lachenmann est né en 1935 à Stuttgart, où il étudie le piano, la théorie et la composition (avec J. N. David) de 1955 à 1958. Il travaille ensuite à Venise avec Luigi Nono, dont l’influence est déterminante, puis de 1963 à 1965, suit les cours de Karlheinz Stockhausen à Cologne. Il est nommé professeur de composition à Hanovre en 1976, puis à Stuttgart de 1981à 1999. Il a donné de nombreux séminaires de composition à travers le monde entier. Son travail sur le son l’a conduit à parler de « musique concrète instrumentale » ; le son, comme la forme, n’est pas donné, mais composé, d’où un autre terme, celui de « Klang Komposition ». Ses œuvres de grande dimension, privilégiant les formations orchestrales, échappent aux critères traditionnels, à ce que Lachenmann appelle péjorativement « le son philharmonique » ; elles visent au contraire à impliquer l’auditeur dans les processus qui mènent au résultat sonore et musical.