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Emmanuel Nunes

Emmanuel Nunes (1941-2012) a fortement marqué de son empreinte l’histoire musicale récente. Sa musique exigeante et puissamment expressive est inséparable d’une dimension spirituelle, voire mystique, et d’un travail de réflexion en quête de l’essence même des phénomènes.

L’espace est pour lui une dimension essentielle de la composition ; il l’a notamment développée à travers les possibilités de la live-electronics. Sa conception du temps, multidimensionnelle, et ses formes labyrinthiques, rigoureusement construites et en même temps ouvertes, visent un point situé au-delà de toute perception immédiate, au-delà ou en deçà de l’œuvre elle-même.

Présentation

Né en 1941 à Lisbonne, Emmanuel Nunes étudie l’harmonie et le contrepoint entre 1959 et 1963 à l’Académie de musique puis la philologie germanique et grecque à l’Université de cette même ville. De 1963 à 1965, il assiste au cours d’été de Darmstadt où enseignent Henri Pousseur et Pierre Boulez, et s’établit à Paris en 1964. Il assistera régulièrement aux cours d’analyse et de composition que donne Karlheinz Stockhausen à la Rheinische Musikhochschule de Cologne et étudie la musique électronique ainsi que la phonétique tout en suivant l’enseignement de Pousseur.

En 1971, Emmanuel Nunes obtient un prix d’Esthétique au Conservatoire national supérieur de musique de Paris (cours de Marcel Beaufils). Il entreprend alors une thèse de musicologie à la Sorbonne sur Anton Webern. À partir de 1989, il travaille très régulièrement à l’Ircam, cherchant à intégrer l’espace dans son processus compositionnel grâce aux possibilités de l’électronique en temps réel, prolongement de son travail dans le domaine purement instrumental. Ainsi, des œuvres telles que Es webt (1974-1975), Tif’ereth (1978-1985), Wandlungen (1986) puis la série des Lichtung (dès 1990), explorent tous les moyens de dissémination du son et d’encerclement de l’auditeur. Cette démarche culmine dans le grand œuvre en partie autobiographique, Quodlibet (1990-1991).

Nunes a regroupé ses opus en deux grands cycles traversés chacun par un même matériau musical. Le premier comprend les pièces composées de 1973 à 1977 ; il est basé sur une anagramme de quatre notes. L’élément persistant du deuxième cycle, intitulé La création, commencé en 1977 avec Nachtmusik et achevé avec  Lichtung III (2006-2007), est ce  que Nunes nomme des « paires rythmiques » qui déterminent le phrasé rythmique, la métrique, le choix des intervalles et la spatialisation.

Emmanuel Nunes a enseigné dès 1976 : à Pau, à l’université de Harvard, à Darmstadt, à Novara, à Lisbonne, à Fribourg-en-Brisgau et enfin à Paris au Conservatoire national supérieur de musique.

Le président de la république portugaise le nomme en 1991 « Comendador da Ordem de Santiago da Espeda » ; il obtient un prix de l’UNESCO, le prix Pessoa et est nommé Docteur Honoris Causa de l’université de Paris VIII.

Emmanuel Nunes est décédé à Paris en 2012.

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