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Elliott Carter

La musique de Carter mêle une rigueur sans faille à une énergie, une expressivité extrêmes, jusqu’à ses dernières compositions écrites quelques jours avant sa mort à l’âge de 104 ans (2012). Elle exprime, dans la technique de composition même, la relation sans cesse fluctuante entre une individualité caractéristique et une coordination d’ensemble nécessaire, image des rapports humains dans une société démocratique.

Présentation

Né en 1908 à New York, Elliott Carter apprend le piano et s’intéresse très tôt à la vie intellectuelle. Étudiant à la Horace Mann High School de New York, il fait la connaissance en 1924 de Charles Ives, qui soutient sa vocation et le guide. Avec lui, il découvre les œuvres avant-gardistes de Ruggles, Varèse, Bartók, Schönberg, Berg, Webern et Stravinsky. C’est l’écoute du Sacre du printemps qui le détermine à devenir compositeur. Carter poursuit ses études musicales à la Longy School of Music (hautbois, théorie, chant choral) puis en 1930 à Harvard avec Walter Piston et Gustav Holst notamment. En 1932, cherchant à acquérir un métier plus solide, il se rend à Paris pour étudier auprès de Nadia Boulanger, dont l’influence sera décisive.

Revenu à New York trois ans plus tard, il est engagé comme directeur musical du Ballet Caravan et compose dans un style néoclassique des œuvres marquées par l’esthétique populiste alors encouragée officiellement. Il publie de nombreuses critiques musicales dans la revue Modern Music. De 1939 à 1941, il enseigne la musique, les mathématiques et le grec ancien dans un collège puis devient consultant musical à l’Office of War Information. Après la guerre, il enseignera la composition au Peabody Conservatory de Baltimore durant deux ans.

Ce sont pour Carter des années décisives durant lesquelles il prend conscience de la nécessité d’une réorientation esthétique : ainsi forge-t-il à travers quelques œuvres composées dans l’immédiat après-guerre un style personnel qui trouve sa pleine réalisation dans son Premier Quatuor à cordes (1950). Dès lors, Carter développe un langage fondé du point de vue du matériau sur l’organisation des hauteurs à l’intérieur du total chromatique et sur des structures métrico-rythmiques complexes. Ce qui le distingue des musiciens sériels tient à l’importance de la rhétorique (toutefois, ses « thèmes » ne se répètent jamais). Il vise par ailleurs à une construction formelle rigoureuse, souvent d’un seul tenant, à l’intérieur de laquelle s’enchaînent et se superposent des sections, des tempos et des caractères très différenciés.

La production de Carter, qui comprend des œuvres aussi importantes que les cinq quatuors à cordes, le Concerto pour orchestre et la Symphonie pour trois orchestres, ou le Concerto pour piano et les Night Fantasies pour piano solo, devient plus abondante dans les années 1970-1980, son style se faisant plus spontané, notamment dans toute une série de petites pièces d’une qualité exceptionnelle pour solistes et ensembles restreints (duos, trios, quatuors, etc.). Il compose son premier opéra à l’âge de 90 ans, What Next ?, et une immense symphonie intitulée Sum Fluxae Pretiam Spei (1993-1997), à quoi s’ajoute toute une série de concertos et de nombreuses pièces pour ensemble.

La musique de Carter mêle une rigueur sans faille à une énergie, une expressivité extrêmes, jusqu’à ses dernières compositions écrites quelques jours avant sa mort à l’âge de 104 ans (2012). Elle exprime, dans la technique de composition même, la relation sans cesse fluctuante entre une individualité caractéristique et une coordination d’ensemble nécessaire, image des rapports humains dans une société démocratique.

 

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