John Cage
Cage réalise une œuvre qui ne s’inscrit pas dans l’idée de composition propre à la pensée musicale occidentale, mais ouvre en son sein une faille qui débouche sur l’art sonore. En bousculant les idées reçues, notamment par ses écrits, qui développent sa philosophie de la musique, il suscite à la fois une grande fascination et des débats sans fin sur le sens de la musique.
Présentation
Né à Los Angeles en 1912, John Cage étudie le piano puis la composition avec Richard Buhlig et Henry Cowell, prenant aussi des cours particuliers avec Adolph Weiss. De 1934à 1936, il suit les cours d’Arnold Schönberg. Travaillant de 1938 à 1940 à la Cornish School de Seattle, il y rencontre Merce Cunningham, avec qui il développera une collaboration artistique fructueuse et qui devient son compagnon dans la vie. C’est pour accompagner un spectacle de danse dans un espace restreint qu’il invente le piano préparé, pour lequel il compose après la guerre ses Sonates et interludes. L’œuvre est marquée par des influences spirituelles mêlant le bouddhisme zen (Suzuki), la philosophie de l’Inde (Ananda K. Coomaraswamy) et la pensée de Maître Eckhart. En 1949, à l’occasions d’un séjour à Paris, il fait la rencontre de Pierre Boulez, avec lequel il se lie d’amitié : les deux compositeurs discutent dans une passionnante correspondance de leurs recherches.
Il fonde au milieu des années 1950 avec Morton Feldman et Christian Wolff, que Earle Brown rejoint, l’école de New York. Ces compositeurs explorent le concept de musique aléatoire. Cage travaille désormais à partir d’opérations de hasard, en partie inspirées par le Livre des changements chinois, le Yi King (voir Music of Changes, 1951). Lié au milieu des peintres, comme Rauschenberg par exemple, il développe l’idée de performance mêlant plusieurs pratiques artistiques mais non soumises à une organisation préalable. Parmi ses nombreuses œuvres, on peut relever le Concerto pour piano préparé et orchestre de 1957-1958, qui provoqua un séisme dans les cercles avant-gardistes européens.
Cage a développé sa créativité dans plusieurs domaines comme les arts plastiques ou l’écriture (voir Empty Words en 1976). Cherchant à libérer les sons de toute intentionnalité – « laisser les sons être eux-mêmes » dira-t-il –, s’inspirant de la démarche de Duchamp et de Satie, Cage réalise une œuvre qui ne s’inscrit pas dans l’idée de composition propre à la pensée musicale occidentale, mais ouvre en son sein une faille qui débouche sur l’art sonore. En bousculant les idées reçues, notamment par ses écrits, qui développent sa philosophie de la musique, il suscite à la fois une grande fascination et des débats sans fin sur le sens de la musique.
Cage est mort à New York en août 1992.